Juges Introduction - New French current
IntroductionLe livre succède à celui de Josué. Dans le peuple d'Israël, encore organisé en tribus, le récit se concentre sur quelques héros. Grâce à leur action, ils ont montré que le Seigneur est le sauveur de son peuple opprimé.L'essentielLe livre se divise en trois grandes parties : la première relate des évènements liés à la mort de Josué et revient sur la répartition du territoire (1.1–2.10). La deuxième, très longue, montre comment le Seigneur libère son peuple de la pression des pays environnants : il choisit et envoie des sauveurs (2.11–16.31). Dans la troisième partie, deux épisodes soulignent le désordre régnant parmi les tribus avant l'établissement de la royauté (17–21).La première des tribus qui est nommée est Juda, la dernière est Benjamin. Elles vont jouer un rôle important dans la suite de l'histoire du peuple selon les livres de Samuel. Les deux premiers sauveurs en sont issus : Otniel (Juda), Éhoud (Benjamin).Les sauveurs choisis par Dieu sont souvent qualifiés de « juges ». Le terme a donné son titre au livre ; il peut désigner un magistrat mais surtout quelqu'un qui est capable de justes décisions pour libérer la tribu opprimée. C'est ainsi que Débora, femme prophète qui rend la justice, se révèle une remarquable stratège (4) et que Gédéon, simple paysan, devient un habile chef de guerre (7).Qui opprime ? Des populations environnantes. Pourquoi ? À cause de l'infidélité : délaissant le Seigneur, les Israélites se tournent en effet vers les divinités de la nature, les Baals (d'un mot qui veut dire “maître”). Plusieurs récits s'enchaînent, indépendants les uns des autres. Ils suivent à peu près le même schéma : infidélité du peuple, oppression, choix d'un sauveur par le Seigneur, victoire, temps de paix, nouvelle infidélité, etc. (voir 2.11-19). Les héros sont douze hommes et une femme. Les plus développés des récits concernent Otniel (3.7-11), Éhoud (3.12-30), Débora et Barac (4.1–5.31), Gédéon (6.1–9.57), Jefté (10.6–12.7), Samson (13.1–16.31).Le côté répétitif des choses nous interroge. Comment un groupe qui a bénéficié du secours du Seigneur peut-il ensuite se tourner vers d'autres dieux ? À quoi est due l'infidélité ? Par ailleurs, on ne peut qu'admirer le Seigneur qui, malgré tout, montre sa bonté en suscitant des sauveurs à chaque fois différents. Le dernier d'entre eux, Samson, offre ses souffrances et sa vie pour détruire les ennemis de son peuple ; les Pères de l'Église y ont vu comme une annonce de Jésus donnant sa vie pour le salut de l'humanité.Quelques personnages comme Gédéon, Jefté et Samson ont marqué les prédicateurs mais aussi les écrivains et les artistes, impressionnés par le mélange entre le style épique – combattre les forces de l'oppression – et la finesse psychologique. Le rire côtoie l'émotion : Gédéon discutant le signe divin de la toison, la fille de Jefté victime d'un vœu de son père, Samson enfin, moqueur ici, humilié là, trahi par la femme qu'il aime, la belle Dalila.Pour aller plus loinRecueillant des traditions anciennes et des récits plusieurs fois remaniés, le livre a sans doute été terminé vers le 5e siècle avant J.-C. Sur l'installation en terre promise, Juges propose un point de vue moins abrupt, plus morcelé et nuancé, que celui de Josué. Comme ce dernier, il fait partie des livres historiques. À distance des faits, il les inscrit dans une période intermédiaire entre la « conquête » et l'avènement de la royauté. Il les raconte selon une vision d'ensemble de l'Histoire, vision théologique. Josué attirait l'attention sur la nécessaire fidélité au Seigneur dans le « bon pays » reçu. En Juges, une question se pose : sous quelle autorité le peuple veut-il vivre ? Chacun ne peut pas continuer à agir « comme il lui semble bon ». Se devine l'espoir d'un sauveur qui saura unifier les tribus. Les livres de Samuel raconteront comment cet espoir s'est réalisé.